Santé des Territoires

Comprendre et agir pour un territoire agricole sain et durable

Le programme de recherche Santé des Territoires a pour objectif de comprendre les liens entre agriculture, alimentation et santé pour proposer des solutions concrètes permettant d’améliorer la santé des populations humaines, animales, végétales et de l’environnement dans les zones agricoles. Le programme de recherche s’inscrit dans les concepts (1) d’Une Seule Santé (EcoHealth), qui tient compte de l’interdépendance entre la santé des humains, la santé de la biodiversité et celle de leur environnement ; et (2) des Solutions fondées sur la Nature (SfN) en cherchant à comprendre comment la biodiversité et les écosystèmes agissent pour améliorer la santé des humains.

Il s’agit d’un programme de recherche-action transdisciplinaire qui rassemble un consortium de chercheur-es en écologie, toxicologie, santé publique et sciences humaines, ainsi que des associations locales, et qui engage les citoyens et citoyennes dans le processus de recherche.

Ce programme de recherche embarque tous les acteurs des territoires, des chercheurs aux habitants et agriculteurs – hommes et femmes. Il est soutenu par des financements de la Région Nouvelle-Aquitaine et par des fonds nationaux issus du programme Ecophyto et de l’ANR. Les données collectées et les connaissances co-produites permettront d’éclairer les politiques publiques en matière de santé humaine et de santé des écosystèmes, à l’échelle régionale et nationale.

Les actions clés

Le projet s’appuie sur la Zone Atelier Plaine & Val de Sèvre (Deux-Sèvres), un territoire agricole qui est lui-même une infrastructure de recherche sur laquelle sont menées depuis 30 ans des recherches mêlant observations, expérimentations et participations citoyennes. Ce laboratoire à « ciel ouvert » s’étend sur 450 km², inclut 24 communes et compte environ 34 000 habitantes et habitants. Sur ce territoire, chercheurs, agriculteurs, habitants et décideurs – hommes et femmes – collaborent pour concevoir et tester des solutions concrètes pour répondre aux enjeux de la transition agroécologique et alimentaire dans un contexte de dérèglement climatique.

Une étape clé

La création de la cohorte de suivi NOV’LAND était un préalable essentiel pour démarrer le programme. Cette cohorte, qui ambitionne d’inclure à terme les 34 000 habitantes et habitants de ce territoire d’étude, est originale par plusieurs aspects : les participants sont partenaires du programme de recherche et elle est construite sur un design semi-expérimental, ce qui permet de suivre les conséquences des expérimentations menées avec les agriculteurs et agricultrices autour de la recherche de solutions fondées sur la Nature pour la transition agroécologique, et avec les habitantes et les habitants autour de la relocalisation de l’alimentation et la santé ; enfin la cohorte prend en compte en plus des habitants du territoire les oiseaux présents dans la zone atelier.

Le programme de recherche se structure autour de deux grands axes

Comprendre les rôles de la biodiversité et des écosystèmes pour réduire l’exposition aux pesticides et ses conséquences sur la santé

Chez des habitants-partenaires, des analyses d’exposition aux pesticides sont réalisées sur les populations humaines, les organismes vivants (vers de terre, insectes, oiseaux) avec lesquelles les humains coexistent et l’environnement (air, eau, poussières, sol) afin de comprendre les sources d’exposition (qui sont multiples) et comment les écosystèmes permettent de réduire cette exposition et donc de nous maintenir – nous = humains – en « bonne santé ». Une attention particulière est donnée aux oiseaux, pour déterminer si ces derniers pourraient être des sentinelles de la santé humaine. Les espèces d’oiseaux des jardins publics et privés présentent en effet des écologies diversifiées à la fois par les types d’habitats nécessaires pour leur reproduction et nidification, et les ressources alimentaires qu’ils consomment (graines, vers de terre, insectes). On peut ainsi poser l’hypothèse qu’un jardin présentant une forte diversité d’oiseaux (c’est-à-dire un nombre d’espèces élevé) et correspondra à un jardin diversifié en matière d’habitats et de ressources avec de ce fait, un impact faible de l’exposition aux pesticides. L’objectif est donc ici, au travers d’une mesure relativement « simple », d’utiliser les oiseaux comme un indicateur de la santé des humains avec lesquels ils cohabitent.

Enclencher une dynamique territoriale autour de la co-construction et du test de solutions pour réduire l’exposition aux pesticides et son impact sur la santé

Plusieurs actions sont mises en œuvre :

  • des expérimentations socio-écologiques menées avec et par des agricultrices et agriculteurs du territoire qui permettent d’engager dans une transition agroécologique conciliant conciliant production agricole, performance économique, bien-être et santé des exploitants, conservation de la biodiversité;
  • des interventions dans les écoles primaires autour du nexus (c’est-à-dire du carrefour des thématiques) « Alimentation-Biodiversité-Environnement-Santé » pour rendre visibles les interdépendances pouvant exister entre ces quatre piliers – les interventions se clôturent par un temps avec les parents durant lesquels les enfants explicitent ces liens tels qu’ils les perçoivent et les discutent avec leurs parents en engageant ainsi des discussions intergénérationnelles autour des actions du quotidien à mettre en place ;
  • des réalisations de projets avec les lycéennes et lycéens pour solliciter leur analyse et promouvoir leur capacité d’agir pour améliorer la santé de leur territoire-lycée ;
  • des ateliers de réflexion pour construire collectivement une palette d’indicateurs répondant à leur perception du bien-être et de la santé à l’échelle individuelle et collective mais aussi à l’échelle de leur commune ; et ainsi amener à agir pour améliorer la santé à ces différentes échelles ;
  • des réflexions avec les professionnels de santé pour comprendre comment rendre le concept « Une Seule Santé » opérationnel dans leur pratique, en allant au-delà de la santé environnementale afin de rendre explicites les rôles de la biodiversité et des écosystèmes dans la santé. Le dispositif d’Ordonnances Vertes a été identifié comme un des leviers.

Le déploiement du programme

Le projet a été déployé en 2023 dans les communes de Beauvoir-sur-Niort et Fors, en 2024 dans les communes de Secondigné-sur-Belle et Saint Symphorien. En 2025, il est déployé dans les communes de La Foye-Monjault et de Mougon.

À ce jour, la cohorte comprend près de 200 habitants-partenaires, plus de 500 élèves de 5 à 10 ans (ensemble des classes de 6 écoles sur les 24 de la ZA-PVS), 120 lycéennes et lycéens (4 classes de 4 lycées dont 2 lycées agricoles) et plus de 500 oiseaux qui ont été suivis dans les jardins et les haies.

Les premiers résultats d’exposition aux pesticides devraient être disponibles fin de l’année 2025.

Le consortium du programme de recherche

Coordination : Sabrina Gaba (INRAE, Centre d’Études Biologiques de Chizé)
Centre : Nouvelle-Aquitaine-Poitiers
Département : Santé des plantes et environnement

un homme de dos dans un champ de blé

Un programme soutenu par de nombreux financeurs

La Région Nouvelle-Aquitaine

Projet Nov’Land « Territoire en transition pour améliorer la santé des sociétés et des écosystèmes et la résilience alimentaire », 236 790€, porteur : Sabrina Gaba (INRAE)

Projet TOGETHER « Concilier agriculture et riverains en territoire rural en réduisant l’utilisation des pesticides et en améliorant la santé des écosystèmes », 243 750 €, porteur : Vincent Bretagnolle (CNRS)

Projet OH Lycées ! « Une seule santé : engageons les Lycéens ! », 12 000 €, porteur : François Tessier (GODS)

OFB ECOPHYTO II+
Projet ALL-HEALTHY « Opérationnaliser le concept “Une seule santé” par la recherche-action pour comprendre les liens entre exposition aux pesticides et santé d’un territoire », 497 440€, porteur : Sabrina Gaba (INRAE)
Projet NIEPCE « Co-conception d’un cadre méthodologique visant à l’élaboration d’un panel d’indicateurs précoces d’impacts de l’exposition aux pesticides sur la santé globale d’un territoire », 999 900 €, co-porteurs : Vincent Bretagnolle (CNRS) et Sabrina Gaba (INRAE)

Agence Nationale pour la Recherche (ANR)

Projet Pesti-Bird « Les oiseaux en tant que sentinelles et signaux d’alerte précoce pour les risques liés aux pesticides et aux zoonoses chez les humains », 822 000 €, porteur : Jérôme Moreau (La Rochelle Université)

Partenaires

Partenaires scientifiques

  • Équipe EPICENE INSERM Université de Bordeaux
  • Équipe HIES UMR EBI Université de Poitiers CHU https://ebi.labo.univ-poitiers.fr/ihes-2/
  • Registre des Cancers Poitou-Charentes https://www.registre-cancers-poitou-charentes.fr/IRSET – Inserm UMR_S 1085 Equipe 3
  • LIRIS UMR CNRS INRAE
  • ICPEES (UMR 7515 CNRS) Université de Strasbourg

Partenaires locaux

  • Habitant-e-s des communes engagées dans le projet dont des agricultrices et agriculteurs
  • Élu-e-s des communes engagées
  • Contrats Locaux de Santé Niortais et Mellois en Poitou
  • CPTS & Professionnel-le-s de santé